Comment remplacer la dinde farcie ?
Pour nous, La tradition de la courge farcie a commencé il y a de ça plus de 10 ans pour un « potluck» ou « repas-partagé ». Nous avions trouvé une courge Hubbard, plus rare chez nous mais qui apparaît parfois sur nos marchés. Sa forme rappelle vraiment celle d’une dinde. Après que Didier l’ait remplie avec une farce délicieuse de châtaignes et de riz, j'ai pris un beau bouquet de romarin pour faire une fausse queue, des branches pour les ailes et deux fruits rouges pour les yeux. Ce fut un tel succès, que depuis ce jour c’est la tradition, chez nous, de la courge farcie pour les fêtes de fin d’année, fausse queue, ailes et yeux en moins car même cela me dérange maintenant.
Vous trouverez la recette ci-dessous que vous pouvez agrémenter et changer suivant vos ressources et goûts. N’importe quel « pâtisson » (un mot plus joli que courge).
Anecdote : un Noël chez les bouddhistes
Nous avons toujours cherché à passer nos fêtes de manières qui évoquent pour nous le retour de la « lumière » du solstice au plus profond de l’hiver. Quelles que soient les traditions, c’est bien cette lumière et chaleur d’amour que cherchent à réveiller en nous tous les fêtes de fin d’année. Cette année-là, nous avions choisi de passer la fin de l’année en retraite dans un magnifique centre bouddhiste à Santa Fe, au Nouveau-Mexique, dont les menus quotidiens sont végétariens.
Malheureusement, l’abbesse annonça que pour un repas spécial de fête, il serait servi … de la dinde… afin de fêter en communion avec tous les Américains suivant la tradition nationale, un événement dit-elle qui n’arrivait que deux fois l’an au temple, à Thanksgiving et à Noël. Didier et moi nous regardâmes, terriblement attristés de cette nouvelle. Certes, nous avions le choix de ne pas manger de la dinde mais cela ne nous paraissait pas suffisant car cette décision dépassait de beaucoup un simple choix personnel. L’abbesse avait par ailleurs une bonne « intention » mais ne dit-on pas que « le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions » ? comment agir et réagir sans attaquer ?
Il me vint alors à l’esprit de recourir à une tradition amérindienne dont m’avait fait part une amie d’une tribu du nord.
Dans un conseil de tribu, m’avait-elle dit, certains membres s’expriment au nom de ceux qui n’ont pas de voix et « deviennent » ceux au nom desquels ils s’expriment. Cela peut être une forêt, un arbre, un cours d’eau, des plantes, des animaux ou quelqu’un d’absent. Je décidai alors de devenir la voix des dindes et de parler en leur nom.
« Nous sommes heureux que vous désiriez célébrer ces fêtes et vous joindre par le cœur à tous ceux qui célèbrent dans votre pays, mais cela ne peut-il se faire sans la souffrance, l’extermination et le deuil de nos familles, enfants et parents ? … » c’était le début. Je passai plusieurs heures à faire des recherches pour en savoir le plus possible sur les dindes et pouvoir parler avec leur « langage » de leur vie et de leurs souffrances. J'appris beaucoup!
Je donnai la lettre en personne à l’abbesse dès le lendemain. Nous ne sommes pas restés pour ce repas, préférant participer à un repas plus simple dépourvu de violence. Une fois que l’on « voit », la souffrance ne demeure plus invisible et même les décorations d’assiette peuvent alors devenir terriblement perturbantes avec leur cruauté inconsciente. Je ne sais pas ce que décida l’abbesse. Je ne le lui demandai pas avant de partir car, parfois, comme ce fut mon cas, les choses prennent du temps pour parvenir à la conscience.
Nous retournerons au temple, je l’espère, et nous demanderons comment sont désormais célébrées les fêtes de fin d’année. Nous leur enverrons peut-être d’ailleurs la recette du pâtisson en fête ! bien plus magique que la transformation du potiron de Cendrillon en carrosse !
Quelques chiffres qui font froid dans le dos :
Aux USA, 46 millions de dindes sont tuées pour Thanksgiving.
En France, deuxième producteur mondial, 90 millions de dindes sont élevées en élevage industriel et de 3 à 6 millions de dindes sont consommées pour les fêtes.
Comme le dit Matthieu Ricard, grand penseur bouddhiste contemporain : Est-ce que notre compassion s’arrête à notre table ?
Ou encore Lamartine : « les animaux sont mes amis et je ne mange pas mes amis »
Aujourd’hui nous avons tant de solutions pour des repas sans violence et si délicieux ! Ils reviennent beaucoup moins cher au final et sont plus respectueux de notre écologie interne et de celle de notre planète.
Recette : Pâtisson en fête (= courge farcie en moins poétique!) par Chef Didier Cuzange !
Ingrédients pour 6 personnes
- Faite chauffer votre four à 150 degrés (1h30/2h de cuisson) ou 180 degrés (1 h de cuisson). Une cuisson plus lente, permettra à la chair de la courge d’être plus moelleuse.
- Choisir une belle courge bien ronde (comme le Kabocha ou courge Japonaise, ou un potimarron rond et dodu). J’ai personnellement choisi un potimarron suffisamment gros pour nourrir 6 personnes.
- Difficile à trouver en France la courge Hubbard, de forme ovale comme un ballon de rugby, est la courge parfaite pour “imiter” la forme de la dinde si vous le désirez! sa chair ferme est savoureuse à souhait.
(Cas = cuiller à soupe/ Cac = cuiller à café)
La farce
- 30g (½ tasse) de PVT (= texture de soja protéinée, trouvée en magasin bio) fine et trempée quelques mn.Le PVT peut-être remplacé par un reste de riz, du sarrasin, du quinoa cuit ou du tofu.
- 2 cas d’huile d’olives
- 1 oignon émincé
- 60ml (¼ de tasse)de jus de pommes
- 100gr de champignons de votre choix coupés en lamelles
- ½ litre (4 tasses) de légumes de votre choix coupés en macédoine (carottes, navets, céleri, fenouil ETC…)
- ½ litre (4 tasses) de légumes de votre choix coupés en macédoine (carottes, navets, céleri, fenouil ETC…)
- 250g de châtaignes pré-cuites
- 50g (½ tasse) de noix en poudre (utilisez un moulin à café électrique)
- 1 cas de graine de lin moulue (facultatif, pour plus de liant)
- une petite poignée de persil haché
Les aromates:
- 1 cac de graine de moutarde jaune
- 1 cac de graines de fenouil moulue
- 1 cac d’herbes de Provence
- 1 cac de sauge
- sel et poivre
- Coupez une collerette assez large sur le dessus de la courge pour pouvoir la vider facilement
- Egouttez le PVT ou le tofu
- Faite chauffer l’huile à feu moyen et ajoutez-y le PVT ou le tofu
- Laissez-le légèrement brunir. (si vous n’utilisez pas de PVT, passez directement à la prochaine étape).
- Ajoutez du sel et les graines de moutarde, puis les oignons et champignons ; couvrez
- Quand ils rendent leurs eaux, ajoutez-y le jus de pomme, les légumes et les châtaignes; couvrez à nouveau et laissez cuire à peu près 20mn ou jusqu’à ce que vos légumes soient tendres.
- Découvrez, ajoutez le reste des aromates et laissez l’eau s’évaporer s’il en reste (vos légumes doivent être tendres et humides)
- Mettez le tout dans un robot et réduisez en purée
- Placez dans un bol et ajoutez-y les noix, le persil et le lin moulu.
- Incorporez et vérifiez l’assaisonnement.
- Remplissez votre courge évidée avec la farce et placez la collerette par-dessus
- Badigeonnez toute votre courge d’un peu d’huile et placez dans un plat à four.
- Enfournez en suivant les consignes de température ci—dessus
- Insérez la lame d’un couteau pour vérifier que la courge est bien cuite et prête.
- Vous pouvez alors éteindre votre four et laisser la courge jusqu’au service.
Bonus ! Sauce aux champignons
J’ai eu la chance de trouver des trompettes de la mort sur le marché dimanche. Pour Liliane ce sont des souvenirs d’enfance qui s’amoncellent… elle les ramassait avec son père quand elle était petite. Parfois difficiles à trouver, vous pouvez les remplacer par vos champignons favoris (moi, j’aime bien les pleurotes mais de bons champignons de Paris feront l’affaire aussi)
Ingrédients
- 200gr de champignons de votre choix
- 1 oignon coupé en lamelles très fines (en demi-lune)
- 2 cas d’huile d’olives
- 1 pincée de sel
- 2 cac de tapioca bombée (ou autre fécule)
- 2 cac de farine de pois chiche bombée
- ¾ litre d’eau
- sauce soja à votre gout
- Faites chauffer l’huile à feu moyen avec une pincée de sel
- Ajoutez l’oignon et laissez suer quelques minutes
- Ajoutez les champignons, couvrez et laissez-les rendre leurs eaux.
- Pendant ce temps, mélangez les farines avec ½ litre d’eau
- Une fois l’eau des champignons évaporée, ajoutez le mélange farine/eau
- La sauce épaississant assez vite, utilisez une cuillère en bois pour ne pas brûler le fond de votre casserole.
- Il vous reste ¼ de litre d’eau que vous pouvez ajouter petit à petit pour obtenir la consistance que vous désirez. (Votre sauce doit être assez épaisse)
- Finissez avec de la sauce soja (attention de ne pas en mettre de trop, c’est assez fort, et vous voulez que le goût du champignon ressorte.
- Note : Lavez vos champignons rapidement dans un bol d’eau froide et passez immédiatement à l’essoreuse à salade.
Bon Appétit!
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